Le principe des médecines traditionnelles
Les médecines traditionnelles s’inspirent toutes du même principe : celui de la nature. En effet, elles considèrent la santé au travers de l’équilibre entre l’homme et la nature. Cette harmonie est la clé d’une bonne santé.
Avant de traiter directement une maladie, elles enseignent aux personnes à prendre en charge leur propre santé et leur bien-être dans leur vie de tous les jours.
Le principe fondamental est celui de la force vitale, “prana” en sanskrit, “chi” en chinois, “ki” en japonais ou “long” en tibétain, « lompran » en Thaï.
Prana est l’énergie qui permet de fonctionner, la substance de toute chose matérielle ou immatérielle. À son niveau le plus subtil, elle est non localisée.
L’humain est considéré dans sa globalité : corps – énergie – esprit. Ces 3 aspects sont interconnectés et s’influencent mutuellement. Si l’un est défectueux, les autres en pâtiront. Il est capital de cultiver et de préserver une bonne énergie. La respiration, l’alimentation et la gestion des émotions en sont les premiers facteurs.
Le massage est une base des médecines traditionnelles.
La pratique des “pressions thaïes traditionnelles” (Nuad Thaï Boran) est originale de par son approche pratique et spirituelle. Elle est particulièrement intégrée à la culture thaïe, que ce soit dans les temples ou dans les familles, chez les cultivateurs de champs de riz comme chez les nobles et les rois.
Les Moe Boran, “docteurs traditionnels”, allient le massage à d’autres thérapies comme l’herboristerie, les pratiques rituelles chamaniques et bouddhistes (avec l’utilisation de prières, mantras et méditation), la diététique, le yoga thaï, les soins prénataux, les pratiques de désintoxication…
Les Moe Boran sont des hommes bons au service de leur communauté. Ils se transmettent un savoir de génération en génération. Certains praticiens sont spécialisés en Nuad Boran (Moe Sen, thérapeute des lignes) et on distingue les pratiques de campagne et celles de la cour royale.
Les 4 éléments de la médecine thaïe
Le principe essentiel et universel des 5 éléments sont une manifestation du prana. La médecine traditionnelle thaïe en garde 4. Du niveau subtil au niveau plus physique :
- l’air, principe de mouvement (souffle, circulation sanguine, système digestif),
- le feu (principe de chaud et du froid, chaleur métabolique, feu digestif et assimilation des aliments),
- l’eau pour les liquides (principe de cohésion et de fluidité, sang, lymphe, salive, larmes),
- la terre pour tous les solides du corps (principe de stabilité et de dureté, os, peau, dent, ongles).
Dans le Nuad Boran, les thaï mettent l’accent sur l’élément air.
Le lompran : l’énergie vitale
En Thaïlande, on parle de lompran, “lom” signifiant air et “pran” racine de prana, la force vitale.
Le lompran circule à travers le corps. Comme son nom l’indique, il est connecté à l’élément air, le mouvement. Il est responsable de la communication à l’intérieur du corps. Les aliments sont assimilés, le sang circule et les nerfs transportent les informations.
Il circule dans des canaux. Les textes parlent souvent de 72 000 canaux, dans d’autres 84000, ce qui veut dire qu’ils sont répartis dans tout le corps. A un niveau grossieret physique, ils correspondent aux veines, artères, vaisseaux lymphatiques, à un niveau plus subtil ils correspondent aux nerfs et au niveau subtil, ces canaux ne sont pas physiques, mais énergétiques.
La médecine traditionnelle thaïe garde 10 canaux principaux appelés sensip. Les sensip sont connectés aux lignes myo-faciales. Ils sont travaillés, irrigués afin de dissoudre les tensions et les zones congestionnées par un excès de prana.
Restaurer une relation harmonieuse entre le corps et l’esprit en maintenant une circulation libre et naturelle du lompran est le fondement de la prévention et de la santé en médecine traditionnelle. C’est aussi ce sur quoi agit la pratique du massage thaï Nuad Boran.
Outils de massage et autres thérapie traditionnel thaïe
En plus des nombreux outils naturels du masseur thai Nuad Boran, (mains, pouces, coudes, pieds, etc…), les médecins traditionnels thais ou praticiens en massage spécialisés peuvent utiliser aussi différents outils ou composants pour donner une actions supplémentaires à leur travail sur le corps de leur patient.
Cela peut être des huiles spéciales, des outils en naturel en bois, en pierre, en cornes mais aussi, feuilles et herbes médicinales.
Le Nuad Plakob
Plakob : signifie sac en thaï
Le massage au pochon est un classique des médecines traditionnelles. Les Thaïs utilisent pour le faire leurs herbes du pays mais on peut le réaliser avec les herbes locales de nos régions. Le massage au pochon utilise en synergie l’action de la pression appliquée, de la chaleurs humide et les effets des différentes herbes utilisées. Surtout avec les herbes fraiches, en montant en température, le pochon dégage une huile qui pénètre dans la peau. En plus des effets thérapeutiques des plantes thaïes, cela sent aussi très bon et la chaleur pénètre profondément, ayant pour effet de détendre les tensions. Le massage au pochon est souvent utilisé en complément du Nuad Boran ou du massage à l’huile dans une même séance.
A l’école nous proposons de temps en temps un atelier pochon que les étudiants adorent. On le fais souvent en 2 voir 3 phases :
- Les courses avec l’achat du matériel et des herbes.
- La préparation des pochons
- La soirée massage au pochon
Voici les principaux ingrédients du pochons classique thaï que l’on trouve en herbes fraiches dans la plupart des magasins asiatiques : gingembre, curcuma, galangale, citronnelle, le zeste et la pulpe du vrai pamplemousse (aussi appelé pamplemousse asiatique), les feuilles et le fruits du gombawa (citron kéfir) et plus dur à trouver, des feuilles d’acacia (ou autres), de l’extrait de camphre et un des principaux ingrédient, le gingembre Pray.
Le Tok Sen
Le Tok Sen (percuter les lignes) est une technique anciennes originaire du district de Lampun (Centre nord de la Thaïlande). Les praticiens utilisent un maillet (Ron) et un burin (Lim) en bois de tamarinier ou autre bois très dur. Selon la tradition pour être efficace, l’outil doit être taillé dans un arbre ayant été frappé par la foudre. Des inscriptions en langue secrètes ou en palis sont inscrites sur le bois pour bénir l’outil (ces mots sont contenus dans le chant traditionnels des masseurs thaïs en hommage au Roi des médecins, le docteur Jivaka).
Dans l’ancien temps les praticiens pouvaient utiliser des outils beaucoup plus imposant par leur taille et sont plus rares de nos jours.
La technique du Tok Sen utilise des percutions rythmées pour détendre les muscles. Comme avec le massage, la conception des lignes tendino-musculaire est appliquée.
Également comme pour le Nuad Boran, le Tok Sen peut être utilisé dans une optique de relaxation générale, le son et le rythme des percutions induisant une relaxation profonde et un relâchement des tensions musculaires.
Personnellement, je l’utilise pour un travail spécifique sur les points trigger myofasciaux, lorsque ceux-ci sont particulièrement durs. Dans ce cas, la technique du Tok Sen est efficace et permet d’économiser du temps et de l’énergie. Aujourd’hui on trouve des maillets plus modernes avec par exemple des embouts en caoutchouc.
Yam Kang (la marche de la charue)
Il s’agit d’une ancienne technique de massage du Lanna (nord Thaïlande) principalement utilisée pour soulager les tendinites, les douleurs musculaires, articulaires et l’engourdissement.
Le praticien trempe le plat du pied dans de l’huile de « gingembre pray »
puis le pose rapidement sur une plaque de métal brulante (traditionnellement une lame de charrue) puis masse en lissage le corps du patien avec le pied chaud et huileux. La combinaison de la technique de massage associée à la chaleur et à la récitation de formule de guérison en pâli chantée par le praticien, est représentative des compétences et des connaissances pratiques traditionnelles de la thérapie thaï.
Le massage Ched Hak
Ched (nettoyer) : Technique traditionnelle qui utilise des feuille de longan ou de tamarinier pour dissiper les toxines. Le médecin traditionnel récite des mantra de médecine puis souffle sur la feuille pour lui insuffler un pouvoir de guérison. Il frotte ensuite la feuille qui absorbe les toxines de la partie du corps en besoin avant de la jeter et de recommencer avec une autre.
Cette technique était notamment utilisée pour traiter des trauma suite à des coups ou des fractures. Les thérapeutes pouvant utiliser efficacement ce genre de techniques sont des aussi des méditants ayant développés une pratique intérieure conséquente, avec une bonne concentration et compassion altruiste.
Hak (répartir / disperser) : Une autre technique pour faire évacuer les toxine du corps. Le docteur traditionnel utilise des dents ou des griffes d’animaux sauvages, puis tout en récitant son chants de guérison il frotte différentes partie du corps de manière répétée. Il arrive que les zones ayant reçu ce travail deviennent rouges/noires, signe de l’évacuation des toxines.
On retrouve dans cette pratique une similitude avec la technique chinoise Guo Cha.
Article écrit par Roman Léonardi Vandevelde (2010)